Cartel des citations

L’éditeur Thomson Reuters a créé en 2006 une évaluation des schémas anormaux de citations pour tenter d’enrayer l’activité des «cartels de citations», qui gonflent artificiellement la réputation de certaines revues scientifiques et, même, de certains chercheurs. Pour plus de dissuasion, la société détaillera une liste des revues punies, au lieu de simplement les retirer de la liste du Journal of Citation Reports (1) .
Les citations en question sont celles des études scientifiques. Plus une étude (article) est citée, plus elle est considérée comme importante. Même chose pour une revue scientifique. Or, certains chercheurs s’entendent entre eux pour se citer les uns les autres et ainsi augmenter leur «facteur d’impact» comme calculé par Thomson Reuters (2-3) dans le Journal of Citation Reports. Des éditeurs ou des comités de rédaction de revue scientifique font de même. Ce qui oblige les auteurs qui leur soumettent des articles à citer en priorité d’autres revues du groupe et ainsi assurer un facteur d’impact plus élevée pour ces revues.
Les bibliothécaires ont peu à faire pour contrer un tel type de pratique. Ce qui est rassurant, c’est que le groupe Thomson- Reuters prend des moyens pour tenter de corriger la situation. Que nous soyons pour ou contre les données du facteur d’impact, il est néanmoins essentiel d’avoir une image la plus fidèle possible de la production scientifique sous la forme des articles. Ainsi, pouvons-nous espérer, des données bibliométriques (le facteur d’impact, la période de citation, l’Eigen factor, le h-index par exemple) plus justes qui permettront, dans une certaine mesure, une plus juste évaluation de la production scientifique et ce, peu importe l’éditeur qui produit les données bibliométriques et les différents indicateurs.

Références bibliographiques
1- Journal Citation Reports – Notices (section Title supressions, Thomson-Reuters, 26 septembre 2012)
2- Pratiques douteuses dans certains journaux scientifiques (cyberpresse, 30 août 2012)
3- Citation Cartel Journals Denied 2011 Impact Factor (Scholarly Kitchen, 29 juin 2012)

À propos de Michel Courcelles

Bibliothécaire responsable INRS-Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie. Membre du comité de gestion du service de documentation et d'information spécialisées de l'INRS. Membre du groupe de travail des compétences informationnelles de l'Université du Québec

Une Réponse vers “Cartel des citations”

  1. Jean-François Ruest Réponse 19 décembre 2012 à 10:42

    Article intéressant. C’est vrai que nous n’y pouvons pas grand chose. Le facteur d’impact était calculé traditionnellement sur une période de deux années. Ils l’ont étalé sur 5 ans, mais les chiffres n’ont pas beaucoup changé. Il faut dire que ça peut prendre quelques années avant qu’un article soit cité assez pour avoir un impact réel sur ce facteur de comparaison (benchmarking) des revues scientifiques. Afin d’influencer ce calcul à leur avantage et de faire monter leur score le plus rapidement possible, certaines revues imposent maintenant aux auteurs de citer certains de leurs nouveaux articles parus il y a peu de temps où, même, à paraître. De cette façon ils réussiraient à faire monter leur facteur d’impact. Ilian Bonev, professeur en production autiomatisée à l’ÉTS à écrit un article intéressant sur le sujet:
    Should We Take Journal Impact Factors Seriously?http://www.parallemic.org/Reviews/Review016.html

    J’aime

Laisser un commentaire