Collaborer et échanger… avec Mendeley

Mendeley est à la fois un logiciel de gestion bibliographique et un outil de réseautage pour les scientifiques et les chercheurs. Cet outil innove notamment par ses fonctions collaboratives très intéressantes, telles que la suggestion d’articles, la collaboration et le partage de la recherche, voire même des fichiers. Nommé plusieurs fois comme étant l’une des meilleures innovations sociales (The Guardian, TechCrunch), Mendeley séduisait les utilisateurs par son côté ouvert et sa manière différente de voir la publication scientifique en prônant les valeurs du libre accès. Souvent cités comme ayant une vision différente des géants tels qu’Elsevier, Mendeley, tout comme Zotero, sont des outils différents qui poussent d’autres ressources comme EndNote à évoluer. La version logiciel et la version Web de l’outil sont conviviales et assez intuitives.

« Mendeley toucherait maintenant environ 1,9 million de chercheurs avec la mise en commun de 65 millions de documents et prétend couvrir 97,2% à 99,5% de tous les articles de recherche publiés. En revanche, les bases de données commercialisées par Thomson Reuters et Elsevier contiennent 49 millions et 47 millions de documents uniques, respectivement. » – Mike Butcher (TechCrunch)

Récemment, la nouvelle est tombée avec fracas, notamment dans les médias sociaux et dans la communauté très animée de Mendeley, que ce dernier a été acheté au début du mois d’avril par la compagnie Elsevier au coût de 69-100 millions. Ceci était surement l’un des secrets les moins bien gardés de l’industrie puisque la rumeur courrait depuis janvier. Décevant les utilisateurs mobilisés dans le dossier du libre accès et des logiciels ouverts, les dirigeants ont essayé de se faire rassurants expliquant les avantages de cette transaction à leurs yeux (voir leur blogue).

En bibliothèque, Mendeley prend de plus en plus de place puisque son aspect collaboratif permet des ouvertures plus grandes que les autres logiciels couramment utilisés. Comme EndNote, il est possible de modifier des .PDF, de créer des styles, d’ajouter des références dans Word et de partager des dossiers. Par contre, avec Mendeley, on peut aussi se faire une page personnelle de recherche, se faire suggérer des articles, et surtout participer/suivre des groupes de recherche. Les étudiants et les enseignants sont donc de plus en plus nombreux à l’utiliser. Mendeley réussit le pari de centraliser l’information et est une partie de la cure aux problèmes d’infobésité.  La possibilité de créer son propre style bibliographique peut séduire davantage les bibliothèques universitaires et peut-être que l’acquisition de Mendeley par Elsevier aura comme avantage de rassurer les bibliothèques pour en faire un compétiteur institutionnel à EndNote.

Il est aussi possible, par exemple avec SWETS, d’avoir une version institutionnelle de Mendeley et de créer des outils pour obtenir des données de recherche, très chères au milieu universitaire. Notamment en ayant des outils bibliométriques alternatifs, « altmetrics », tels que Impactstory.  Il s’agit d’une plus-value intéressante, un peu l’équivalent d’un Klout universitaire.

Pour ma part, malgré quelques déceptions et appréhensions par rapport à la vente de Mendeley, je continue  à en être une fière utilisatrice. J’apprécie l’intuitivité de l’interface et la simplicité de l’outil. Les fonctions sociales et de collaboration me sont particulièrement utiles pour suivre des groupes portant sur les sujets de recherche qui m’intéresse : information literacy; culture de l’information; culture numérique; gamification; serious gaming, etc. L’élément que j’apprécie le moins est le « plug-in » pour notre navigateur Web qui est normalement censé capturer la page en cours et les métadonnées de celle-ci, toutefois ce dernier n’est pas très efficace puisqu’il faut presque à tout coup aller remodifier la notice pour y ajouter l’information, ainsi l’exportation directe est moins efficace lorsque tirée du Web. Zotero me semble plus intéressant de ce côté et EndNote reste loin derrière. De toute façon, je préfère utiliser un outil comme Diigo pour gérer les pages Web au jour le jour!

  • Et vous, quel logiciel de gestion bibliographique utilisez-vous?
  • Lequel supportez-vous dans votre institution?
  • Quel logiciel est populaire/ le préféré de vos étudiants

À propos de Vicky Gagnon-Mountzouris

Directrice de la bibliothèque à l'École de technologie supérieure de Montréal. Vous pouvez me suivre sur Twitter @VikiG! J'ai aussi une formation en pédagogie et un intérêt pour les technologies éducatives.

26 Réponses vers “Collaborer et échanger… avec Mendeley”

  1. Bonjour Vicky,

    Merci pour cet excellent billet.

    J’utilise EndNote pour mes formations documentaires. Mes étudiants utilisent EndNote parce que moi j’utilise EndNote. Par ailleurs, dans mon groupe de recherche, nous utilisons chacun nos outils (pas de standardisation – pas de préférence – pas d’orientation idéologique pour le logiciel libre). De fait, le partage de documents se fait par l’entremise de textes analytiques (analyses de la littérature) et non pas par le partage de données bibliographiques brutes qui, selon l’avis de certains, ne font que contribuer au phénomène de surinformation.

    Mais je suis curieuse :

    En quoi ce est-ce que ce produit change tes pratiques de formation documentaire?

    Crois-tu que Mendeley permet à tes étudiant de développer davantage leurs compétences informationnelles qu’un autre produit concurrent ?

    Comment utilises-tu le potentiel spécifique à ce logiciel pour développer les compétences informationnelles de tes étudiants ?

    Bien cordialement,
    Stéphanie

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  2. Bonjour,
    Mendeley apporte t-il quelque chose de plus par rapport à Zotero ?
    Cordialement,
    E.M.

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    • Bonjour

      J’utilise Zotero et Mendeley en parallèle, grâce à une fonction qui permet un transfert automatique de ce que j’ai dans Zotero vers Mendeley. Zotero est plus performant pour enregistrer les informations à partir d’une page Web. Avec Mendeley, c’est l’ajout de référence à partir de fichiers PDF que je préfère.

      J’ai configuré un dossier de mon ordinateur et Mendeley va automatiquement créer une référence à partir de tout document que j’y dépose. Généralement, quand je fais de la veille, j’identifie des articles potentiellement intéressants et je les sauvegarde dans le dossier en question. Quand j’ai un peu de temps, j’ouvre Mendeley, je regarde les derniers documents ajoutés et si nécessaire je corrige les métadonnées. Mendeley va aussi renommer mon fichier automatiquement à partir d’une syntaxe que j’ai déterminée (basée sur date et auteur) et le classer dans le dossier approprié.

      Une autre fonctionnalité de Mendeley qui est intéressante est la suggestion d’articles similaires (lorsqu’on est dans le site Web). Je ne trouve pas souvent ce genre de suggestions utiles dans d’autres contextes, mais il m’est arrivé quelques fois, lorsque je faisais une revue de littérature, de découvrir d’autres articles vraiment intéressants que je n’avais pas vu ailleurs. Souvent c’était parce qu’ils étaient publiés dans des revues d’autres domaines, même s’ils étaient liés à mon sujet.

      Personnellement j’ai aussi une préférence pour l’interface de Mendeley, mais chacun ses goûts!

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      • Vicky Gagnon 24 avril 2013 à 15:50

        Je ne saurais dire mieux que Dominique!

        De mon côté, je trouve l’interface plus facile d’utilisation, j’aime la possibilité de se faire un profil un peu plus détaillé et me faire suggérer des articles. Mendeley a, selon moi, une longueur d’avance côté utilisabilité de l’interface. Son association avec SWETS me semble aussi intéressant.

        De plus, les groupes de recherche auxquels je m’abonnes ou auxquels je participe sont plus nombreux sur les thématiques qui m’intéressent dans Mendeley par rapport à Zotero. Je préfère aussi l’interface des groupes dans Mendeley. Par contre, je recommanderais plus Zotero pour certaines disciplines des sciences humaines comme l’histoire puisqu’il y a des groupes très populaires.

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  3. Quand Mendeley est apparu, je suis tombé sous le charme (je le surnommais la cadillac des outils bibliographiques) mais j’ai peu à peu déchanté quand j’ai vu sa piètre performance avec les logiciels de traitement de texte. Car ajouter des références dans un texte est beaucoup plus facile et efficace avec Zotero ou EndNote qu’avec Mendeley.

    Si on se limite principalement à faire des veilles (et à organiser ses références, à en trouver dans l’immense base commune de documents), alors oui Mendeley peut faire l’affaire car son interface est de très loin supérieure à Zotero et EndNote. Mais si on s’occupe principalement de rédiger des articles pour y citer des références directement dans le texte, alors là Mendeley n’est tout simplement pas à la hauteur et c’est dommage. 😦

    Bref, ça dépend du but de l’utilisateur… et s’il a le temps et/ou le goût de profiter de la complémentarité des outils disponibles (que Dominique donne justement en exemple avec le duo Zotero-Mendeley).

    Par ailleurs, ici en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal, EndNote règne en reine dans les bibliothèques et les formations documentaires qu’elles offrent, talonnée peu à peu par Zotero puis enfin par Mendeley loin derrière. D’autre part, j’ai rencontré plusieurs étudiants-chercheurs de l’UdeM qui ont récemment pesté contre EndNote sur Mac Lion (perte de leur bibliothèque, logiciel refusant de fonctionner, etc.) et qui ont fait le saut chez Zotero (oui je les ai poussés vers mon logiciel favori!). 😉

    Par contre, je sais qu’en éducation à l’UQAM, ils implantent massivement Mendeley depuis la dernière année; j’aimerais bien connaître leur réaction à la nouvelle de l’achat du logiciel par Elsevier! XD

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    • Je suis sur Mac lion des montagnes et effectivement un patch EndNote doit être installé

      Voir :
      http://endnote.com/downloads/available-updates
      http://help.thomson.com/default.asp?portalid=TSC&article=123873

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    • Tu as raison Gabriel que l’application pour insérer les références dans .Word est plutôt minimal. Disons que j’utilise plus Mendeley d’un point de vu, réseautage, recherche et partage d’information/connaissances. De plus, je l’utiliser davantage maintenant puisque nous avons plusieurs enseignants et étudiants qui l’utilisent à l’ÉTS, il me semble important que les bibliothécaires soient à jour (pour suggérer les meilleurs outils) et au courant des tendances (pour soutenir les utilisateurs). J’utilise beaucoup moins Zotero, car il est moins utilisé chez nous et convient moins à nos besoins de collaboration, mais je l’aime bien tout de même… surtout depuis la sortie de la version « standalone »

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  4. En passant, dans son étude auprès de 195 participants du milieu universitaire (des enseignants chercheurs, des doctorants, des personnels d’un Service commun de la documentation – SCD, des postdoctorants, etc.), Kembellec (2013) a constaté que le logiciel de gestion de références bibliographiques le plus utilisé était Zotero (54%), devant EndNote (29%) et Mendeley (21%). Oh ouais! 😀

    Source: http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=DOCSI_501_0062

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  5. Je vous avais dis que dans mon groupe de recherche il n’y avait pas d’orientation idéologique pour le logiciel libre : et bien c’était de la malinformation ;o)

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  6. hi hi hi ; j’adore mes pantoufles effectivement! À surveiller l’intégration SciVerse application et Mendeley… là peut-être ça me donnerait l’énergie d’apprendre qqchose de nouveau..

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  7. Moi mon approche quand un étudiant-chercheur ou un prof vient me demander mon avis pour choisir un logiciel de gestion bibliographique, je lui dis toujours d’essayer les trois s’il le peut (EndNote, Mendeley, Zotero) et de continuer le reste de ses études avec celui qu’il préfère car le pire c’est quand on doit changer de logiciel en cours de route (ce qui m’est effectivement arrivé; je suis passé d’EndNote, à Zotero, à Mendeley pour ensuite revenir pour de bon à Zotero; mais bon moi j’aime apprendre et enseigner comment utiliser ces logiciels hyper pratiques). Mais je ne suis pas engagé pour donner des formations par la bibliothèque, donc c’est peut-être plus facile pour moi de juste former à la carte des collègues de temps en temps. Dans ton cas Stéphanie, c’est mieux de se centrer sur un logiciel quand on donne plein de formations.

    Tu me signaleras ce que donne l’intégration SciVerse avec Mendeley. 🙂

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    • Oui, mais on s’entend… qu’en principe… on peut être plusieurs à donner des formations et donc avoir plus qu’un spécialiste. Présenter les trois options (quand on a le temps) c’est surement ce qui est préférable, mais il y a aussi pleins d’étudiants aux cycles sup qui utilisent le même outil que leur professeur, simplement. C’est le plus simple.

      Sur notre page web on parle de Connotea, Easybib, Jabref, Mendeley, Zotero et EndNote. Je trouve que ça fait parti de notre travail de bibliothécaire d’être au courant minimalement de l’existence des différents outils et de pouvoir en faire un support de base.

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      • Tu as bien raison Vicky que vous pouvez être plusieurs pour donner des formations. C’est bien aussi de signaler aux usagers l’existence de d’autres outils moins connus; l’important selon moi est que les usagers utilisent un tel logiciel pour organiser et citer leurs références! 🙂

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  8. Je ne sais pas si c’est mieux ??? C,est plutôt de la paresse… J’aimerais les connaitre tous et j’admire ceux qui le font! Ce qui est bien c’est qu’avec le temps, j’ai développer une methode de travail avec EndNote qui permet de passer à travers de beaucoup de littérature assez rapidement, Maintenant, au lieu de donner des formations techno-centriques sur EndNote, je forme à ma méthode pour faire des recensions éclairs. Mes étudiants l’appelle : La méthode et je me prends pour Edgar Morin qui gère la complexité…. Par ailleurs, selon ma boule de cristal, cette transaction peut laisser Thomson derrière un show de boucane d’ici un an ou deux… ou bien ça va les forcer innover et me forcer moi à sortir de mes pantoufles. Bon weekend.

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  9. Stéphanie, tu devrais un jour publier un guide sur Ta méthode. 😉 Car s’il manque bien quelque chose à plusieurs étudiants-chercheurs et même profs d’université, c’est une méthode pour faire des recensions éclairs! 🙂

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    • J’y ai pensé toute l’année… mais tu sais que même si je dis éclair… ça demande du travail. Ce que je suis capable d’apporter c’est une organisation de ce travail et comme les anglais disent « leveraging the afforfance of bibliographic management software »… ou comme Le Boss dit : mobiliser le potentiel cognitif des TICs…

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  10. Ah, je suis déçue que ça fasse secte. C’était un commentaire plutôt pour s’éloigner de l’aspect techno-cool-secte associée aux TIC que je disais ça et amener la réflexion sur l’importance d’arrimer nos formations aux livrables étudiants, comme une synthèse de la littérature sur un sujet quelconque.

    En ce sens, même si les étudiants ont des logiciels de gestion bibliographique tels que Mendeley, Zotero ou EndNote, ils sont bien dépourvus lorsqu’il doivent les utiliser dans le but de produire une recension. Ils ne savent pas par où commencer, comment procéder, comment la terminer, comment documenter leur méthode, etc. Ils anticipent la tâche avec horreur, alors qu’avec MA méthode, ils s’aperçoivent rapidement que c’est bien plus le fun cognitivement de chercher que de trouver.

    Ainsi donc, si je publiais Ma méthode de recension éclair, étant donné qu’elle n’est pas technocentrique, mais qu’elle est présentement soutenue par EndNote, ça me prendrait quelqu’un pour la documenter sous Zotero et Mendeley; pour donner le choix et favoriser une orientation anti-TIC-sectaire justement. Pour moi, ce n’est pas l’outil qui compte, c’est ce que l’on en fait.

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    • C’était une blague Stéphanie en relation au « The Boss » de ton commentaire, pas sur l’utilisation des TIC et ta méthode!!

      De toute façon, si c’était général, j’en ferais aussi partie 😉

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