Article rédigé par Estefania Pio et Aurélie Vieux.
En 2016, nous vous présentions sur ce blog la plateforme de formation aux compétences informationnelles de la Bibliothèque de l’Université de Genève (UNIGE) intitulée InfoTrack. Moins de 2 ans plus tard, InfoTrack propose une première évolution puisque depuis la rentrée de février 2018, l’ensemble de son dispositif de formation est disponible en anglais via son nouveau site bilingue (français/anglais).
Pour rappel, InfoTrack aborde sous la forme de 24 unités de formation indépendantes les étapes principales de réalisation d’un travail académique. La Bibliothèque de l’UNIGE avait fait le pari de recourir à la vidéo comme support didactique avec la spécificité d’utiliser l’humour comme ressort pédagogique. Le défi était de rendre plus attractif l’apprentissage de ces compétences informationnelles. Un choix qui s’est avéré payant puisque la formation continue de séduire de nombreux étudiants et enseignants de l’UNIGE.
Page d’accueil bilingue (FR/EN) de la plateforme InfoTrack
Pourquoi traduire InfoTrack en anglais ?
L’UNIGE attire chaque année un grand nombre d’étudiants venus de tous les horizons. En 2017, elle accueillait 37% d’étudiants étrangers[1]. Afin d’atteindre son objectif de rendre accessible la formation aux compétences informationnelles à l’ensemble de ses étudiants, y compris les non-francophones, la Bibliothèque décide dès 2016 d’entreprendre un projet de traduction. Celui-ci visait également à répondre aux demandes de plusieurs facultés désireuses d’intégrer une partie ou l’ensemble des 24 modules dans leurs cursus anglophones.
Les raisons d’un partenariat interne
Au départ, l’équipe en charge du projet s’est interrogée sur la pertinence d’externaliser la traduction. Après réflexion, il est rapidement apparu que l’UNIGE disposait de toutes les compétences linguistiques et pédagogiques nécessaires à l’interne. De plus, le cahier des charges impliquant un suivi rigoureux et une collaboration étroite avec les traducteurs, travailler avec la Faculté de Traduction et d’Interprétation (FTI) de l’UNIGE répondait à ces besoins. Cette collaboration était aussi l’occasion de créer une nouvelle synergie au sein de l’institution.
Le projet de traduction
Le projet s’est déroulé sur un an (mars 2017 à février 2018) et s’est articulé en trois grandes étapes, impliquant chacune une collaboration avec un acteur différent :
- la traduction de la plateforme et des vidéos (Bibliothèque et FTI) ;
- l’adaptation et le montage des vidéos en version bilingue avec l’agence de création multimédia La Souris Verte (ajout des sous-titrages, réenregistrement des voix-off et adaptation des animations) ;
- le développement informatique du système multilingue sur la plateforme avec le service informatique de l’UNIGE.
Plus concrètement, il s’est agi d’adapter en anglais deux principaux types de contenus :
- les textes de la plateforme : traduction des quizzes et du test de niveau, des résumés des leçons et des autres pages statiques (« pourquoi InfoTrack ?», glossaire, etc.),
- les vidéos : sous-titrage des dialogues et réenregistrement de la voix-off par deux interprètes anglophones
Page du module « Les avantages d’un logiciel de gestion des références ». On peut y voir les différents types de contenu qui ont été traduits.
Ce sont trois étudiantes de Master de la FTI qui se sont chargées de traduire les modules. Une collaboratrice scientifique et deux traducteurs chargés d’enseignement à l’Unité d’anglais de la Faculté ont supervisé leur travail. Comme ce mandat constituait un stage pour les trois étudiantes, leur travail a été suivi de près, et elles ont bénéficié d’un encadrement formateur : participation aux réunions et aux ateliers liés au projet (sous-titrage, terminologie et gestion du projet) ; collaboration étroite avec les autres stagiaires et avec les deux enseignants-réviseurs du projet pour assurer la cohérence de la terminologie et l’harmonisation du style et du ton ; collaboration avec les expertes de la bibliothèque en qualité de référentes linguistiques anglophones, avec le soutien des enseignants-réviseurs. Les étudiantes ont été amenées à se perfectionner dans les domaines du sous-titrage, de la traduction de l’humour et de la traduction à visée pédagogique.
L’un des enseignants s’est également chargé de traduire en amont les pages web contenant notamment le vocabulaire spécifique aux compétences informationnelles dans le cadre de ses fonctions de traducteur pour le Rectorat de l’UNIGE. Ces traductions ont également été relues par une équipe de bibliothécaires pour valider les aspects bibliothéconomiques.
Enjeu de la qualité
La principale difficulté de ce projet réside dans la pédagogie utilisée dans les vidéos de cours, qui s’appuie sur l’humour, notamment dans certains dialogues difficiles à adapter. De plus, le vocabulaire spécifique au domaine bibliothéconomique complexifie encore l’adaptation des contenus pédagogiques, tout comme la diversité des supports (sous-titres, doublage, pages web, quizzes). Il s’agissait d’un travail de réécriture et d’adaptation qui demandait des compétences de haut niveau en traduction.
Le caractère spécialisé du contenu et les exigences élevées associées à un tel projet a dès le départ orienté la question de la qualité des traductions : il était nécessaire de définir un processus efficace et réaliste de vérification de la qualité, ce qui a nécessité un réel travail d’équipe. Un processus de validation par étapes a été mis en place.
Processus de validation de la traduction
Les traductions des étudiantes ont ainsi obtenu une double validation : celle des enseignants-réviseurs et celle des expertes de la Bibliothèque. La coordinatrice du projet, spécialisée dans le sous-titrage, a également vérifié les aspects techniques liés aux sous-titres. Chacune de ces étapes de validation a engendré son lot d’échanges et de communication, dans une volonté de respect du travail des traductrices et de leur qualité d’expertes anglophones.
Une collaboration gagnant-gagnant
Tant pour la Bibliothèque que pour la FTI, le bilan est positif. Grâce à cette nouvelle collaboration, la Bibliothèque a pu bénéficier d’une traduction de qualité élevée. Accessible à l’ensemble de la communauté universitaire, InfoTrack en anglais permettra de former un plus grand nombre d’apprenants et pourra désormais être intégré dans les cursus anglophones.
Du côté de la FTI, ce partenariat a été l’occasion de proposer à des étudiantes de travailler sur un mandat authentique et de bénéficier d’un encadrement professionnel, qui leur a permis de se perfectionner. Déjà menés par le passé de manière ponctuelle, les projets de ce type prendront de l’ampleur à l’avenir, puisque la FTI a intégré un stage de traduction obligatoire au niveau du Master. L’exemple réussi du projet de traduction infotrack.unige.ch/en donne une idée concrète des avantages découlant de la mise en pratique des compétences acquises en cours de formation.
Ce partenariat a renforcé les liens entre la Bibliothèque et la FTI en permettant de valoriser et d’allier des compétences complémentaires au sein d’un même projet. Le professionnalisme et la disponibilité des personnes investies ont été de véritables facteurs de réussite. Désormais porté par deux services, InfoTrack bénéficie d’une visibilité accrue auprès des enseignants et des étudiants. Cette version bilingue illustre la capacité de l’UNIGE à mettre à profit des compétences complémentaires pour mener à bien des projets institutionnels de qualité.
N’hésitez pas à vous rendre sur la plateforme pour visionner une vidéo en français ou en anglais.
Bonne (re)découverte !
[1] UNIGE, 2017. L’Université de Genève en chiffres. En ligne : https://www.unige.ch/stat/fr/dernierepublication-1/
Félicitations à l’équipe de L’Université de Genève!
Exemple très inspirant qui démontre clairement que c’est en équipe que l’on accomplit de grandes choses. Il importe de réaliser que l’on doit délaisser très rapidement le travail en silo (souvent préconisé dans le milieu universitaire) pour établir un véritable travail collaboratif entre tous les intervenants et services impliqués dans le développement des compétences informationnelles chez les étudiants. Bravo à l’équipe!
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Merci beaucoup pour ce message positif et très enthousiaste ! 😉
Je suis également convaincue que de multiplier les collaborations internes reste la meilleure manière de faire (re)connaître l’importance de former les étudiants aux compétences informationnelles.
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