L’objectif du développement de la culture informationnelle : faire évoluer les comportements

La notion de culture informationnelle implique que les compétences informationnelles nécessaires pour accéder à l’information et l’exploiter prennent leur ancrage dans les valeurs des individus.

Dans ce contexte, nos interventions consisteraient à changer la façon de chercher l’information, de manière à ce qu’elle soit utilisée, ou mobilisée, concrètement dans la pratique professionnelle (santé, génie, etc.) de nos usagers, mais aussi dans leurs activités professionnelles et sociales. Cette position par rapport au développement des compétences informationnelles implique un  changement dans nos façons d’intervenir lors de formations documentaires. En ce sens, nos formations ne devraient plus viser le développement d’habiletés mais plutôt un changement de comportement chez nos usagers.

À titre anecdotique, lorsque je travaillais à la Bibliothèque du Collège des médecins de Colombie-Britannique ( https://www.cpsbc.ca/library), j’ai pris connaissance d’un article portant sur le comportement des médecins par rapport à l’information (http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199310213291714). J’ai réalisé que les services traditionnels de dissémination d’articles et de tables des matières ainsi que l’offre actuelle de formations documentaires n’étaient plus adéquats. En ce sens, ma réflexion m’a conduit vers le concept d’application de connaissances (Knowledge Translation). Ce concept permettrait aux médecins d’utiliser l’information scientifique et technique et les résultats de la recherche rapidement dans leur pratique. En fait, nos formations pourraient servir de vecteur de rapprochement entre les universités et les instituts de recherche et le monde de la pratique professionnelle.

Parallèlement à ma réflexion, et découlant du mandat des IRSC (Instituts de recherche en santé du Canada – voir : À propos de l’application des connaissances aux IRSC (http://www.cihr-irsc.gc.ca/f/29418.html), tout un champ d’étude a été développé sur l’application des connaissances et le transfert des connaissances de l’univers de la recherche et celui de la pratique (voir : http://ktclearinghouse.ca/ et http://www.santepop.qc.ca/fr/activites/eveille.html / http://www.santepop.qc.ca/fr/recherchemotscles.html – «Utilisation des connaissances»). Ce champ d’étude est plus large que la recherche d’information. Il porte aussi sur  son évaluation, sa synthétisation et son interprétation pour favoriser son application en pratique clinique. En conséquence, pour que nos interventions de formation documentaire aient un impact sur la pratique clinique, nous devrions peut-être mettre l’emphase sur des ressources qui faciliteraient ces activités d’évaluation ou d’analyse de l’information. Je pense aussitôt à des outils de méta-analyses tels que Cochrane (http://ccnc.cochrane.org/fr/page-daccueil). Trouver la meilleure information à utiliser immédiatement pour la prise de décision, clinique ou autre, représente alors une valeur-ajoutée pour nos usagers.

Il n’est donc pas anodin de contextualiser dans la pratique, au moment de planifier nos interventions, le comportement de recherche d’information de nos usagers, de comprendre leurs besoins en information ainsi que les modes d’application des connaissances dans leur pratique.

Pour illustrer mon propos, dans mon travail avec les médecins, l’information scientifique et médicale mène souvent à des renseignements qui permettent de déterminer les traitements les plus efficaces. Mais cette information n’est qu’une partie du tableau clinique ; des médecins réclament également des informations qui portent sur le patient, sur le système de soins de santé, pour accompagner l’info scientifique et médicale. Dans la poursuite de l’objectif global de maîtriser l’information, nous devrions former les étudiants à trouver des informations scientifiques et médicales qu’ils sauront transférer dans leurs activités de praticiens, quelle que soit la discipline qu’ils auront choisie. En effet, les sensibiliser au fait que l’information scientifique n’est qu’un morceau du casse-tête informationnel qu’ils ont à résoudre dans leur pratique.

Mettre l’emphase sur les besoins pratiques de nos usagers lors de la planification de nos interventions en recherche documentaire pourrait conduire à des changements de comportement chez-eux et même améliorer leur compréhension de la valeur de la recherche documentaire. Toutefois, l’application de l’information à la résolution de problèmes, dans un contexte déterminé, requiert la collaboration ou l’intervention d’un professeur-expert et, en ce sens, va au-delà de l’expertise des bibliothécaires. Cette collaboration entre bibliothécaire et experts disciplinaire m’apparaît donc tout indiquée, afin que l’usager puisse mobiliser l’information récupérée en contexte et ainsi apprécier la valeur de l’information.

Donc, est-ce que changer les comportements des usagers pour permettre l’application des connaissances consisterait  à porter une attention particulière aux besoins de l’usager en situation de travail et réclamerait une collaboration nécessaire entre bibliothécaires et experts disciplinaires ?

En décembre 2011, Jim Henderson a pris sa retraite de la Bibliothèque des sciences de la vie d’Université McGill.  En 1997, il a reçu la Prix pour réalisation exceptionnelle du BVCS/CHLA pour son rôle en lançant DOCLINE (le système PEB) au Canada.  Il est co-chercheur avec Patrick Ellis et Jessie McGowan, qui a reçu une subvention de 800 000 $ de l’IRSC pour créer la BVCS/CVHL (voir : cvhl.ca/fr).  Merci à Stéphanie Simard et au comité éditorial pour leur sage révision et correction du français.

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